Elles apparaissent parfois, sur les bords de routes...
*
... de campagnes désertes...
*
parfois aussi sur fond de toits d'ardoises...
*
A nous de rester attentifs, surtout !
*
(Manuscrit trouvé dans une goutte de rosée...)
Quitter la route,
Vivre les mille vies des prés alentour...
*
(tous lieux dédiés à ma fée)
*
DOURVAC'H, 2007
Message commenté : Nezerezed (Fileuses)
Cher Dourvac'h
Ces images de fileuses me rappellent forcément le rôle, et par là même le statut des femmes d'autrefois. Filant sans cesse cet éternel fil qui ne faisait que leur "filer" entre les doigts dans un incessant et obsessionnel mouvement. Travail de longue haleine (laine). Peut-être le fil de la vie (cordon ombilical ?) ou le fil de la pensée... le fil du temps.
Bref : un grand symbole que ce fil.
Je pense également, bien sûr à Pénélope, en attente de son Homme, le vaillant Ulysse, faisant, défaisant, refaisant... pour accompagner cette interminable attente.
Il y a quelque à voir avec la résignation et l'attente, le répétitif l'obsessionnel dans ce geste archaïque des femmes...
C'est sans jugement que j'évoque cela. Je pratique parfois, (à mes heures perdues, et j'adore) des activités "lainifiantes"...
Dans cette idée, voici cette chanson de Jacques Douai (la connais-tu ?) :
Jacques Douai
FILE LA LAINE
Paroles et musique: Robert Marcy
Dans la chanson de nos pères
Monsieur de Malbrough est mort
Si c'était un pauvre hère
On n'en dirait rien encore
Mais la dame à sa fenêtre
Pleurant sur son triste sort
Dans mille ans, deux mille peut-être
Se désolera encore.
File la laine, filent les jours
Garde ma peine et mon amour
Livre d'images des rêves lourds
Ouvre la page à l'éternel retour.
Hennins aux rubans de soie
Chansons bleues des troubadours
Regrets des festins de joie
Ou fleurs du jolie tambour
Dans la grande cheminée
S'étaient le feu du bonheur
Car la dame abandonnée
Ne retrouvera son coeur.
File la laine, filent les jours
Garde ma peine et mon amour
Livre d'images des rêves lourds
Ouvre la page à l'éternel retour.
Croisés des grandes batailles
Sachez vos lances manier
Ajustez cottes de mailles
Armures et boucliers
Si l'ennemi vous assaille
Gardez-vous de trépasser
Car derrière vos murailles
On attend sans se lasser.
File la laine, filent les jours
Garde ma peine et mon amour
Livre d'images des rêves lourds
Ouvre la page à l'éternel retour....
bien amicalement,
prune
prune - email : prune_kantor@yahoo.fr - http://entre-vues.over-blog.com/
" Hadet, hadoun,
La houeillo dou bert et de l'aloun,
Nou disès pas en de qu'ey boun ! "
*
( Petit de fée, fils de fée,
La feuille de l'aulne,
ne dis pas à quoi elle est bonne ! )
...
ce qu'a dit une fée à son petit
lorsqu'il fut capturé pour être élevé par des parents humains ...
Selon le témoignage de Monsieur Cabarry, habitant de Pouliacq (Béarn),
le père de son père aurait capturé une hade (fée) dans la Gourg (cavité) ...
Effectivement et selon une tradition locale, au fond de cette Gourg
se trouvait un escalier conduisant au domaine des Hades...
Des villageois y pénétrèrent un jour...
Lorsqu'une des fées fut prise - tout près du Moulin de la Roche -
pour être ensuite tenue en captivité par ces hommes,
toutes ses compagnes lui crièrent très fort
de ne jamais révéler le secret de "la lire dou ver"
- la fleur de l'aulne...
*
Une autre fois, une "Drago" fut capturée par
des villageois de la vallée d'Aiguesjuntes,
à la "Fount de dijous l'Roc"
(fontaine de sous la roche) ...
... une fée cria aussitôt à la captive :
" Fajon que te fajon,
Digon que te digon,
Digos pas jamès
ço d'a qu'es bouno
La felho del ber ! "
*
(Feront ce qu'ils te feront,
Diront ce qu'ils te diront
Mais ne dis jamais
A quoi est bonne
La feuille de l'aulne !)
*
Il y aurait, ainsi :
... la lire dou ver ...
(la fleur de l'aulne)
*
... la felho del ber ...
... la houeillo dou bert ...
(la feuille de l'aulne)
*
... era chalit de bern ...
(la sève de l'aulne)
*
... lo gatato de vernial ...
(le châton de l'aulne)
*
... lo brop de vernial ...
(le bourgeon de l'aulne)
&
... l'uèlh de la font ...
(l'oeil de la source)
*
Dessins et photos : DOURVAC'H
- photo de "l'enfant aux peupliers" prise à Saint-Désir (Normandie)
- photos couleurs suivantes : Cap de la Serre, commune de Viviès (Ariège) -
- reproduction de 3 cartes postales anciennes -
- enfin, illustration ci-dessus extraite du "Guide de la France Mystérieuse", Tchou éditeur -
*
Toutes informations extraites de l'ouvrage d'Olivier de MARLIAVE,
Trésor de la Mythologie Pyrénéenne, éditions Sud-Ouest.
Le Pont des Fées à Gerardmer (Vosges)
Le Pont des Fées de Païolive (Ardèche)
Géant de pierre près d'Eus (Pyrénées-Orientales)
Terras Rojas ("Terres Rouges") à Sallagosa - Saillagouse
(Cerdagne, Pyrénées-Orientales)
Dans l'enclos paroissial (Finistère)
" Noces de granit "
DOURVAC'H , 2005
*
" Le portrait de Noura "
DOURVAC'H , 2005
*
Jour après jour, sur nos pages blanches de mémoire,
garder ce regard féérique...
(Fées du Destin /4)
Amandine LABARRE
Dame blanche
(AK éditions)
*
" Las fados an disparegut dempuei que souno l'Angelus "
(Les fées ont disparu depuis que sonne l'Angélus)
- dicton du pays de Foix (Ariège) -
*
* " Fée " : nom commun féminin, francisation d'un mot du vocabulaire bas-latin populaire ("fata").
On retrouve la première trace du mot dans "Le Voyage de Charlemagne", manuscrit daté du début du XIIème siècle (vers 1140).
DOURVAC'H : Jeune fille regardant la mer
*
* "Fata " : nom trouvé comme nom propre sur certaines inscriptions votives. Ce mot invoquait une Déesse de la Destinée.
Ainsi, "fados" ou "fadettos", comme "hades" ou "hados" (et leurs enfants : "hadet", "hadoun"), qui désignent les fées en langue occitane, sont de même souche.
DOURVAC'H : Bergère sous un ciel d'orage
*
Une fée est cet être doué de pouvoirs surnaturels, à qui l'on attribue le don de divination et une très grande influence sur la destinée des êtres ; figure féminine fantastique, présentée de nos jours comme imaginaire, elle est le plus souvent représentée comme une jolie femme à ample chevelure, vêtue d'une longue robe et tenant dans sa main un rameau dénudé comme signe de sa puissance.
DOURVAC'H : Fée sous le château de Viviès
*
Les noms des fées :
en Pays catalan (Roussillon/Catalunya) :
Agoustinos, Aloja, Dones d'aigua, Encantats, Fadas, Gojes, Nitos, Trevos
*
dans les Pyrénées ariégeoises (pays de Foix, pays d'Olmes et Couserans) :
Bagosso, Daunos blancos, Dounzelos, Dragos (& dragots, leurs maris), Encantados, fadettos, Hantaumos, Metouno, , Pé d'auco, Sarrazinos
*
Aubegos, Blanquetos, Dounos d'Ayguo (dames d'eau), Dounos de Fum (dames de fumée), Encantados, Hados, Hennos des Dious (femmes des dieux), Mounereiras, Sédètes...
Merci à Amandine LABARRE,
grande artiste au coeur immense
pour son aimable autorisation pour reproduction de son exquise "Dame Blanche"
et de ce chef d'oeuvre de féérie ancestrale (rkitsuancestor), à nouveau reproduit ci-dessus
*
Autres illustrations : DOURVAC'H
*
Informations :
Olivier DE MARLIAVE, Trésor de la Mythologie pyrénéenne, éditions Sud-Ouest
Fées du Destin / 3
Emilie ETIENNE
La Belle et la Bête, AK Editions.
*
" Féer " est un verbe aujourd'hui inusité : on le lit pour la première fois dans " Le Roman d'Eneas", un manuscrit daté de 1130.
"Féer" signifie " douer de propriétés magiques " ou " rendre fée, enchanteur " quelque être (personne, animal, végétal, minéral) ou lieu se trouvant autour de soi.
DOURVAC'H
Fillette kabyle (détail), polychromos, 2004.
*
DOURVAC'H
Jeune femme regardant la mer (détail), polychromos, 2004
*
" Féerique " ou sa variante " féérique " est l'adjectif désignant depuis 1828 " ce qui appartient aux fées et à leur monde " ou " ce qui est produit par l'art ou la puissance des fées " ou, plus largement encore, "tout ce qui se trouve être d'une beauté irréelle ".
DOURVAC'H
Fillette aux tresses (détail), polychromos, 2005
*
Emilie ETIENNE
La Belle et la Bête, AK Editions.
*
Merci à Emilie Etienne (artiste-fée exceptionnelle, comme l'est Amandine Labarre)
de son autorisation exceptionnelle pour ces deux reproductions.
(Fées du Destin /2)
Dans le monde romain, s'est progressivement humanisée l'idée du "fatum" (destin auquel serait liée toute vie ou "lot" attribué à chacun et chacune).
Le "fatum" a perdu peu à peu son genre neutre et s'est décliné en "Fatus" pour les hommes et "Fata" pour les femmes.
On les voit comme des sortes de génies attachés aux pas de chaque mortel(le) et guidant le déroulement de chaque vie qui leur a été confiée...
Dans l'ancienne religion romaine, les "Parques" - " Tria Fata" ou "les Trois Destinées" - étaient trois déesses particulièrement redoutées...
On peut évoquer encore les Matrones (dites parfois "fées"), déesses ordinairement au nombre de trois et connues par quelques monuments gallo-romains.
Certaines sculptures chrétiennes figurent ailleurs "Les trois Maries" (ainsi surnommées localement), telles cette triple Piéta de granit noir qu'on peut voir au pied du calvaire de l'enclos paroissial de Brasparts (Finistère), avec leur masque impassible...
Les Celtes les appelaient "Les Nornes", trois déesses "gardiennes du fil de la vie" qui déroulaient le cours de l'existence humain sur un fuseau d'or...
"Divines mères" ("matres" ou "matronae", comme les appeleront les Romains) dont le culte est profondément ancré dans la tradition religieuse de la civillisation celtique...
Génitrices des peuples, elles portaient cornes d'abondane, corbeilles de fruits et autres symboles de fertilité.
Chez les Romains, comme dans la Triade des "Moires" grecques, elle revêtaient l'aspect de fileuses...
Nona, la permière, présidait à la naissance...
Decima, la seconde, présidait au mariage...
Morta, la dernière, présidait - comme son nom l'indique - à l'ouverture sur l'Autre Monde...
A leur sujet, une déesse au fuseau a été mise à jour à Troie (en Turquie actuelle, "Grande Grèce" de l'Antiquité) , cette colline d'"Hisarlik" qui fut l'"Ilion" de l'Iliade...
La statuette avait été façonnée en 2.000 avant J.-C...
Peintures et dessins :
Dourvac'h
*
Illlustration N. & B.
extraite du Guide de la Bretagne mystérieuse,Tchou éditeur
L'essentiel de ces informations a été extrait du fabuleux ouvrage "Trésor de la mythologie pyrénéenne" d'Olivier de Marliave, éd. Sud-Ouest... et d'autres ouvrages et ditionnaires encylopédiques
"La tête funeste"
par Edward Burne-Jones
Chez les Grecs, le Destin est représenté par La "Moira" qui, primitivement, ne formait qu'un seule entité et a pris, peu à peu, une importance telle... qu'elle s'est divisée en trois personnes.
Les "Moires" sont trois soeurs : elles ont pour nom Clotho, Lachésis et Atropos. Elles sont filles de Zeus et Thémis (ou parfois de La Nuit).
Leur apparition dans les cultes et le panthéon grecs semble aussi ancienne que le début des religions et des mythes.
On sait qu'elles demeurent dans un palais voisin de l'Olympe.
Là, elles veillent au déroulement de la vie de chaque être - homme ou femme.
Clotho file, et sa quenouille qu'elle fait tourner symbolise le cours de l'existence.
Lachésis dévide le même fil sur son fuseau : dispensant ainsi le sort réservé à chacun.
Atropos, elle - et sans jamais se laisser fléchir - tranche le fil de chaque vie.
On sait que "les"Moires" furent assimilées par les Romains qui les nommèrent "Parques".
Qua,nt aux Celtes, ils connaissaient "Les Nornes", ces trois Déesses qui déroulaient l'existence humaine sur un fuseau d'or...
(d'après "Mythes et Mythologie", par Félix GUIRAND et Joël SCHMIDT, éd. Larousse-Bordas, 1986
"Trésor de la Mythologie Pyrénéenne"par Olivier DE MARLIAVE, , éd. Sud-Ouest, 1996)
