Cinq films d'Abdellatif Kechiche ou L'instinct de vie
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De son oeuvre, j'avoue jusqu'à présent n'avoir découvert - héberlué par sa justesse -
La graine et le mulet
(2007)
Là où se joue en permanence quelque chose de fragile, intemporel et poétique
qui m'a rappelé la grâce des films de Marcel Pagnol...
Acteurs - non professionnels comme professionnels - donnant soudain
(et on sait désormais par quel secret : une formidable EXIGENCE du réalisateur !)
tout le MEILLEUR d'eux-même...
Découverte de l'étonnante Hafsia Herzi,
son verbe logorrhéique et musical puis son silence chorégraphique : inoubliables...
... quotidienneté et grâce...
... au plus près des visages (des âmes ?) qui emplissent l'écran ...
... éclairs de tendresse...
(Habib Boufares)
... corps et âme altruistes qui s'abandonnent...
(Hafsia Herzi)
... Sète comme jamais évoquée depuis Brassens...
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Notre génial compatriote
- et véritable artiste -
Abdellatif Kechiche
( عبد اللطيف كشيش )
avait tourné - auparavant puis juste après La graine... - bien d'autres films...
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(Elodie Bouchez, Samy Bouajila)
La Faute à Voltaire
(2000)
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(Osman Elkharraz)
(Sara Forestier)
L'esquive
(2003)
Cette improbable (et précieuse) rencontre entre jeunes "de banlieue" et le théâtre de Marivaux...
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La Vénus noire
(2010)
(Film "en costumes" dont le thème rappelle à la fois le magnifique Little Sénégal de Rachid Bouchareb
et le majestueux Nouveau Monde de Terrence Malick)
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Puis, tombant dans l'oeil avisé de Steven Spielberg et ses jurés,
et enfin défrayant la chronique cannoise (festivalière et post-festivalière)...
Vermeer ou Georges de la Tour ?
(Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux)
Passion venant se déployer en "nos" salles obscures...
(Double) passion féminine, bien sûr !
La vie d'Adèle
(chapitres 1 & 2)
(2013)
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Je repense soudain à l'art cinématographique flamboyant de Louis Malle (Au revoir les enfants), aux deux films si ambitieux d'Eric Valli (tournés à l'autre bout du monde : Himalaya au Népal, La Piste en Namibie), à ceux de François Dupeyron (La chambre des officiers), à la réussite exceptionnelle de Jean-Pierre Denis (Les blessures assassines), à la belle jeune carrière franco-marocaine de l'actrice Hafsia Herzi révélée par La graine et le mulet en 2007 (puis dans Française de Souad El Bouhati en 2007, Les Secrets de Raja Amari en 2008, L'aube du monde d'Abbas Fahdel, etc. ) : tout un savoir-faire artistique et un professionnalisme finalement intacts... ouf !
Et que (re-)vive enfin le rayonnement international du cinéma français...
Alors merci cher Abdel, et longue vie à ton Adèle, aux démocraties française et tunisienne... et d'abord à ta créativité artistique !