PanGea /X
X
Ils
sont dans l’ombre de la montagne ; réfugiés à son pied.
Les
enfants sont tous endormis – même Xi-Jîn ; Chân sent sa joue ronde
palpiter contre son genou. Il vient de lui laisser son grand manteau et la
petite Shou-Lîen s’y est enroulée dedans, elle aussi…
Hsiao
dort sur le lit de planches du fond de la charrette, tout contre sa
mère – comme ses deux sœurs de
l’autre côté, à l’abri des montants qui s’offrent en rempart contre le vent de
glace.
Autour
des épaules de Chân, la paroi blanche de la falaise ; avant qu’ils ne
s’arrêtent ici, il a reconnu là-haut l’œil de la caverne inaccessible… l’œil
lui a fait signe… Il y a autour le froid de la pierre et du soir.
Peut-être
y a-t-il de la nourriture cachée, là-haut ?
Des
parois de craie luisante… aussi leurs créatures de chair, de poils, de plumes,
bien vivantes et visibles…
Tiens,
là-bas ! Dans le lit de la rivière
sèche… au-dessus de ces énormes galets – comme des œufs gris et blancs… on
dirait…
Quelque
chose vient, qui fait briller l’air…
L’air
est devenu jaune et ce jaune vient vers nous ; suit notre chemin.
Une
colonne de poussière…
Est-ce
là le visage des démons de la montagne ?
Il
se retourne, joue contre la paroi glacée, voudrait passer au travers…
Moi
qui me croyais un homme, un grand sorcier : je tremble pour mes jours…avec
cette pauvre troupe de gosses autour de moi… Comment pourraient-ils me
protéger ? Cette mule, cette vieille charrette, cette femme qui se meurt, ses cinq enfants endormis…Tous continuent de dormir ou d’approcher leur mort…
Le
tourbillon grandit ; monte seul le chemin qui les a mené ici.
Il
vient vers eux puisqu’ils sont ici. Parce qu’il les a vus.
Chân
doit être un homme.
Je dois me lever... Le voici debout.
Aussitôt, Xi-Jîn
et sa sœur s’éveillent : la plus petite pleure… se frotte les
yeux, à cause de la peur puis de la poussière.
Chân
reste les yeux plissés. Il se sent grand mais rien d’autre ; si faible
devant les trop grandes forces de la montagne.
Ils
viennent pour moi. N’ai-je pas vaincu tous leurs Frères ?
La
colonne toute proche : c’est un puits de lumière… un animal gigantesque…
qui les flaire puis s’écarte ; se cabre contre la falaise.
La
poussière est partout : sur la mule qui râle, les petites qui sanglotent,
la presque-morte…
Poussière
jaune qui cuit l’air comme farine – brûle les yeux.
Il
pense à un troupeau de buffles en fuite.
Ses
paupières se figent et deviennent pierre.
Ses
yeux repoussent au loin le lac des larmes.
Tout
son visage devient masque.
Il
a tourné son regard vers le ciel : un voile doré, là-haut…
Il
sait… il l’a vu là-haut.
Est-il
seul à le voir ?
L’homme
couleur de maïs au cœur du tourbillon…
On
dirait qu’il s’y tient assis.
( ... à suivre... )
... pour ce dimanche 27 juin, à vesprées !
*
Merci à Vous, toutes et tous, pour votre confiance...
... et, pour vos demandes de publication, à :
Loetitia, Chris, Oursonne, Luce, MissLN, Acelita,
Crépusculine, Danièle, Souamie, Laure, Gazou, Sybilline...
(liste ouverte, actualisée ce 21 juin)
PanGea - le livre -
sera fin prêt en décembre
pour Vous, c'est promis !!!
*
Texte, illustrations & photographies :
DOURVAC'H
(1) Globules de Pissenlit, Couserans, avril 2010
(2) Grotte de la Cunha, Montagne de la Frau (Ariège), avril 2007
(3) (4) Fleurs de Pissenlit, Couserans, avril 2010
(5) Auvent de la Grotte de la Cunha, Montagne de la Frau (Ariège), avril 2007
(6) Fleurs, versant oriental de la montagne de la Frau (Ariège), avril 2007