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Regards Féériques, Forêt de Fées & Rêves
27 juin 2010

PanGea /XI & XII

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XI

Il y a ici la bonne chaleur du feu.

Les peintures merveilleuses aux parois.

L'à-pic et la nuit glacée derrière le dos de Chân.

La chaleur entre eux tous.

La poitrine de la mère se soulève face aux flammes.

Tous font cercle, accroupis dans la grotte, visages rougis par le feu.

Le feu est ce grand diable roux, qui craque et danse devant eux.

Il y a la hauteur de trois grands arbres entre le pied de la montagne et eux. 

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Xi-Jîn s’évade… pense à l’échelle de lumière : c’est une corde, une petite corde. On dirait qu’elle pousse depuis la plante de nos pieds et nous pousse de là jusqu’au ciel… Il suffit de lui demander… Ils ont pu émerger ici grâce à elle. C’est un lien qui vous emmène là où lui le souhaite…

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Il y a des empilements de buissons secs, sept grandes jarres emplies d’eau, un petite montagne de figues sèches ; la chaleur du feu monte sous la voûte blanche…

  Xi-Jîn regarde les cloques d’en haut de sa main ; l’endroit où elle s’est brûlée en aidant l’une des petites à se relever puis se laver. Elle humecte puis essuie d’un doigt les lèvres râpeuses de sa mère, couvertes de copeaux de peau blanche.

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  Ils ont beaucoup mangé et bu, jusqu’à en avoir mal au ventre. Alors, premiers à quitter la clarté, elle puis Chân se sont éloignés au long d’un boyau qui serpente dans le noir humide. Tout au bout, on voit une fente de nuit plus claire entre l’obscurité de deux roches. On s’accroupit par-dessus. On sent un souffle glacé qui vient de très bas et très loin. Le froid vous passe sur le ventre ; on se retient à la pierre humide ; on essaye de ne pas avoir peur.

«  Il y a ici tout ce que nous souhaitons… » : Chân leur a dit juste ce qu’ils avaient besoin d’entendre…

  Chân dit que c’est un grand sorcier.

   C’est à cause de l’homme aux yeux fendus qu’il sont ici. L’homme a disparu. L’échelle avec lui. La grotte face au vide de la nuit… la paroi nue de la montagne… Comment redescendre ?

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Les démons sont restés derrière les murs de la montagne – à l’extérieur du long serpent d’ombre.

  Xi-Jîn a conduit les trois petites qui ne voulaient pas se lâcher la main, puis Hsiao qui refusait d’y aller seul… Il y avait le rougeoiement du tison qu’elle avançait au-dessus d’eux – au devant d’elle, comme une épée de lumière… Chân a sûrement bien chanté : les démons ne sont pas venus à eux…

Mère n’a pu avaler qu’un petit peu d’eau – eau et figue écrasée dans le creux de la main.

Chân en est revenu, à son tour. Il continue en ce moment ses menaces ou ses remerciements aux démons, tout en nourrissant l’être-feu pour eux seuls…

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  Chân continue de chanter dans sa langue inconnue, toujours accroupi, se balançant d’avant en arrière… Il fixe le feu. Il y a aussi tant de taches sur le corps de sa mère et, depuis ce soir, un cercle noir autour de chaque œil.

  Shou-Lîen reste accrochée à son bras. Ses yeux ont des mouvements de papillon. Son pouce a disparu entre ses lèvres. Elle regarde les étincelles. Les petites se sont endormies comme des chats : en arrière du grand feu… Hsiao s’est enroulé contre le dos décharné de sa mère… 

Jetés sans cesse par les longues mains de Chân, les buissons brûlent très vite : leur odeur est si douce…

Chân parle la langue du feu.

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«  … nâo – tssi – huân – nâo… »

Rester éveillée… j’ai tellement… peur… envie… dormir…  

XII


Chân grimace.
   Sort la langue.
   Sa langue est longue comme la nuit.

Xi-Jîn tremble... Elle veut s’enfuir.
  Le fuir.

L’à-pic devant la caverne…

Elle veut fuir dans le boyau sombre.
  Elle comprend que Chân est devenu le boyau.
  Le dragon aux yeux de feu : celui qui vient de l’engloutir.
  Elle est en lui.
  Passée dans son intérieur.

Elle tombe jusqu’au fond ; ne peut se retenir aux parois lisses ; étouffe.
  Les parois se resserrent.
  Elle voudrait crier.
  Se souvient de l’issue.

Le petit courant d’air glacé vient à elle.
   Souffle sur ses yeux.

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La voilà sortie des entrailles du dragon-Chân.
  L’air est doux.
  Elle repose en équilibre sur la nuit.
  Comme elle s’y trouve bien !
  Si loin du sol.

Immobile au milieu de la nuit ; une corde est sortie de son pied.
  La nuit scintille.
  Elle se sent hissée.

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C’est un grand puits aux lumières…

Quelqu’un descend.
 
Ou bien elle qui monte ?
  Quelqu’un vient à elle.

Elle le reconnaît… Chân
  Elle a prononcé son nom…
  Il vient à sa hauteur.

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Tout son visage emplit l’espace.
  Elle reconnaît son nom à elle dans le mouvement des lèvres muettes.

  Elle parvient à faire bouger ses yeux… essayer de voir en-dessous d’eux…

Il y a cet espace magnifique ; tellement sombre.
  C’est le miroir aux étoiles.

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( ... à suivre... )

*

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... et pour bien vous remettre du rêve de Xi-Jîn,
(issu d'un des rêves de l'auteur)

" Dans le soir et la compagnie des Fées "
vous attend ci-dessus...

*

Texte & photographies :

DOURVAC'H

(1) (3) : Feu de cheminée à Viviès (Ariège), juin 2010
(2) Printemps au Cap de la Serre (Ariège), juin 2010
(4) (5) (6) Crépuscule sur la colline de Gargas à Viviès, juin 2010
(7) (8) Coquelicots à Viviès, juin 2010
(9) (10) (11) Ciel de printemps sur Viviès, juin 2010

(12) Château de Gargas au soir, juin 2010

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Commentaires
C
Salut, désolée pour ma longue absence mais je me suis rattrapée en lisant cinq chapitres d'un coup, sans les voir passer ! Toujours aussi poétique... J'avoue me perdre parfois dans certains passages en me demandant ce qui se passe, mais je me rends compte qu'il n'y a pas toujours besoin de chercher une explication en réalité. En tous cas c'est toujours aussi joliment écrit et on se demande bien ce qui va arriver à la petite troupe !<br /> A bientôt !
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S
Dourvac'h,<br /> Je me suis beaucoup éloignée de mon ordinateur, de la blogo, pour autant je pense souvent à ton petit endroit toujours si chaleureusement entretenu et entouré. Je ne lis volontairement pas ton PanGea pour l'instant, je l'attends sur le papier avec beaucoup de patience.<br /> Je t'embrasse chaleureusement.<br /> Shanti
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S
C'est Xi-Jîn au pays des Merveilles...<br /> Le feu qui craque et qui danse, le boyau qui serpente dans le noir humide, Chân qui parle la langue du feu, et bien sûr le dragon aux yeux de feu, on se sent tomber dans la caverne du ciel où tout est possible !<br /> Tes photos sont vraiment magnifiques. Je t’embrasse cher voisin Dourvac’h.
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B
Chaque phrase a encore son importance dans ces chapitres. Est-ce bien un rêve ? Ce puits aux lumières est-il le passage vers l'espace réservé aux initiés ? Mais quelle tristesse autour de la mère mourante, et ce vide menaçant qui surgit souvent dans les cauchemars. Alors qui gagnera ? L'espoir ou le malheur ? Reste le questionnement sur notre destinée. Je t'embrasse
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L
Quantités d'images se forment dans ma tête au fur et à mesure de la lecture de ton récit... et cette oscillation permanente entre fascination et angoisse, ombre et lumière, mort et vie... fantastique et quotidien...<br /> <br /> Trop fatiguée pour mieux dire mais je me délecte, cher Dourvac'h !<br /> <br /> Bonne soirée à toi, Ami.
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