Foutu terrain accidenté... Le phare de mon vélo s'est démonté. Le vélo de Grazziella vient de crever et ici, pas de quoi réparer !
Nous suffit de le cacher dans le sous-bois enchanté, à distance de deux corps du chemin : qui penserait à nous dérober la relique merveilleuse ?
Il n'y a plus très loin où se rendre...
Je me demande si tu n'as pas fait exprès de crever... si tu n'as pas choisi de rouler sur cette ronce énorme et noire du chemin forestier... pointes dressées vers la surface lisse...
Près de l'épine-gorgone, ces hêtres qui nous cernent... ne ressens-tu pas leur douceur d'ombre fraternelle ?
*
Chère Chris enfant ! Toi qui t'assieds en amazone au flanc de mon vélo sportif, en ce chemin vertigineux qui mène à la rivière...
Perchée sur cette barre de métal, malmenant l'endroit le plus charnu de ta personne ! Bien sûr, je pense à cela... mille pensées à l'heure autour de toi... Nous dévalons le chemin.
Tu as mis la robe de notre rencontre ; je m'amuse à voir le haut de tes cuisses émerger... entre les éclairs de lumière et le désordre de tes mains – l'une qui retient le bas de ta robe, l'autre s'agrippant à mon cou...
Tu t'essayes à l'équilibre (comme tu as toujours fait).
J'ai vu passer l'arc-en-ciel sous le brouillard d'un de ces grands manèges, arroseurs des maïs... Ton beau visage d'enfant mouillé y était, qui me souriait par dessous...
Nous dévalons toujours le chemin.
Freiner de toutes nos forces pour retarder l'instant - contourner de nos pneus affaiblis les grosses pierres du chemin... Peur de nous réveiller trop tôt, étourdis et sanguinolents, sur ces berges de rivière...
La fraîcheur des eaux vives dans la pénombre. Glissement de l'onde sur les pierres rondes. Te voilà descendue du destrier fourbu.
Ta main tellement fine qui se déssaisit de la peau de mon cou – tu laisses errer cette main belle sur moi...
Ne suis-je pas à ta merci ? Prêt à transpercer démons et dragons d'eau de mille lances... prêt à te déposer mon coeur sur cette pierre chaude... arraché de ma poitrine, et de mes propres mains, encore ! - prêt à n'importe quelle imbécillité qui m'anoblisse (mais tu n'en sauras rien !) ...
Je souris et m'agenouille ...
Bêtement, à genoux près de toi, au bord de la rivière – tendant la main vers ton être aux allures de vitrail...
*
Tu t'es dévêtue.
Fille-rêve.
*
Femme de chairs dorées, tu es devenue... Tu te glisses dans l'onde. Je te regarde t'ensorceler d'eau verte. Toujours ton rire-prodige sonnera plus clair ici...
Envie de me laisser porter par tes enchantements, tous ceux de la rivière... les racines des aulnes retiennent leurs secrets de limon ; les corps émeraudes des libellules font vitrail ; leurs ailes s'enflamment ; la flèche bleue d'un martin-pêcheur donnera son signal tout à l'heure... Que notre rivière disparaisse pour se fondre dans sa nuit !
Il y a tous ces ronds de lumière trouble qui vont et viennent, se déplacent par magie... scintillements dans la nasse grise des troncs de l'autre rive...
Ainsi, Outremonde existerait partout ?
Je tiens ma Naïade qui se dérobe à mon étreinte dans l'eau glacée : je suis le monstre des bras de mer et de rivière... le drac qui saisit fins poignets, chevilles de cristal des jeunes fées couronnées d'or – les fait disparaître avec lui au fond obscur du lit de l'onde...
Dans les draperies vertes, ta main d'étrange matière : pareille au lait de lune...
Tu émerges avec moi ; tes cheveux m'éclaboussent – comme les chiens de rivière. Tes yeux me parlent d'Ailleurs...
*
Tu m'agrippes par la main. Tu ne sèches pas.
Tu viens te lover sur les galets de la rive ; je suis là assis, moi aussi, servant de falaise à ton dos.
Je goûte ta peau – tu laisses mes lèvres s'enivrer de peau dorée, d'odeur de rivière... Tu as ce goût et cette odeur des rêves...
Qu'ont cru voir les marins ? Des marie-morgane... des femmes qu'ils ne savaient décrire...
Marie-Morgane... tu es mienne... proue des navires inconnus. Mes bras s'exercent à se refermer sur toi...
Dans les cercles de lumière, nous revoyons notre Outremonde des cîmes... A la surface de la rivière, éblouissant tout l'amont, un chemin de lumière se dessine...
Alors nos paupières se plissent : le voilà qui glisse doucement vers sa nuit.
(Fin)
*
... et voici déjà une première liste de vos demandes charmantes du
LIVRE
L'été et les ombres
dont le processus d'auto-édition démarre ce lundi 20 juillet
et dont je viens d'achever ENFIN toute la mise-en page...
Avec un peu de chance,
nos premiers exemplaires
{ et j' n'en ai prévu que 30 au total, ç' coup-ci... }
("C'est qu' ça coute cher et faut pas gaspiller...", disaient les parents... )
seront là pour ce début août...
*
Et voici déjà le texte (version définitive) de notre page IV de couverture :
Val, vieux solitaire de treize-quatorze ans...
Vient cette fille – Chris – s'invitant par la lisière du petit bois d'Amour...
Chris tombée des branches : Val rêve-t-il encore ?
Et s'il nous suffisait d'ouvrir grandes, là-haut, les portes de nos prisons aériennes ?
Val et Chris... Outremonde... nos petits frère-et-soeur d'âme... Tristan et Yseult pas même nés d'hier... (nos années 1980... ) rosier se nourrissant seul d'étranges lumières... trésor sous les feuillages de leur piémont pyrénéen...
Val fou de sa Chris pour toujours, à l'assaut des cîmes des arbres, des odeurs de peau et de rivière...
En hommage à quelques personnages d'André Dhôtel, Roparz Hemon, Tadeusz Konwicki et Julien Gracq... à Nadine & Ric Hochet... à Tristan & Yseult en pesonne...
... à tous nos rêves adolescents, cette tendre peinture du sentiment amoureux...
Dourvac'h,
2005/2009
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... et voici aussi l' ETAT ACTUEL de vos 14 charmantes demandes au 22 juillet pour
L'été et les ombres
et sauf erreur de notre part :
Acelita, Beatrix, Chris, Christiana, Claudie, Dourvac'h, Jody, Kaïkan,
Loetitia, Oursonne, Servanne, Shanti, Titeza, Yabyum
( ... qui recevrez un courriel individuel très bientôt... )
... Nous reste donc encore 16 "places" au premier rang...
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Et comme nous avions tiré (bien imprudemment) en décembre 2008
50 exemplaires de chacun des deux ouvrages ci-dessous,
sachez que restent TOUJOURS disponibles en nos
"Galeries Féériques"
(et à leurs justes coûts de revient et d'envoi) :
... 14 de nos petits livres-orphelins
Au Jardin
conte fantastique de
Dourvac'h
qu'illustra la géniale
Isaly
...
... ainsi que 19 petits braillards
de notre recueil de trois belles nouvelles :
Fées, Rêves et Glaces
( La compagnie des Fées / Train sous la neige / Petites Fées du Miroir )
de
Dourvac'h
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... et n'oubliez pas d' rend' visite
à not' belle p'tite
Fée d'âme...
- tout juste dessinée pour vous !! -
... qui vous attend juste après...
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DOURVAC'H
Textes protégés par Copyright. depot.com
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photographies :
DOURVAC'H
Hêtraie / Epicea / Papillon d'espèce inconnue : près la Jasse d'Embanels
sous le Pic-des-Trois-Seigneurs, près Rabat-les-Trois-Seigneurs (Ariège) 12 juillet 2009
Toutoune dans la rivière du Douctouyre /
Ciel vu du milieu de la rivière, commune de Vira (Ariège), début juillet 2009
Arc-en-ciel près Verniolle (Ariège), soirée du 17 juillet 2009
Sous-bois / Pois de senteur : commune deViviès (Ariège), début juillet 2009
Une âme d'ombre sur tronc de Peuplier, rivière du Douctouyre, Vira (Ariège), début juillet 2009