Als das Kind Kind war,
ging es mit hängenden Armen,
wollte der Bach sei ein Fluß,
der Fluß sei ein Strom,
und diese Pfütze das Meer.
*
Lorsque l'enfant était enfant,
il marchait les bras ballants...
Il voulait que le ruisseau soit une rivière,
la rivière un fleuve
et cette flaque d'eau la mer.
Als das Kind Kind war,
wußte es nicht, daß es Kind war,
alles war ihm beseelt,
und alle Seelen waren eins.
*
Lorsque l'enfant était enfant,
il ne savait pas qu'il était enfant,
tout avait une âme pour lui
et toutes les âmes étaient une.
Als das Kind Kind war,
hatte es von nichts eine Meinung,
hatte keine Gewohnheit,
saß oft im Schneidersitz,
lief aus dem Stand,
hatte einen Wirbel im Haar
und machte kein Gesicht beim fotografieren.
*
Lorsque l'enfant était enfant,
il n'avait d'opinion sur rien,
il n'avait pas d'habitudes...
Souvent il s'asseyait en tailleur,
il partait en courant...
Il avait une mèche rebelle
et ne faisait pas de mines quand on le photographiait.
Als das Kind Kind war,
war es die Zeit der folgenden Fragen :
Warum bin ich ich und warum nicht du ?
Warum bin ich hier und warum nicht dort ?
Wann begann die Zeit und wo endet der Raum?
Ist das Leben unter der Sonne nicht bloß ein Traum ?
Ist was ich sehe und höre
und rieche nicht bloß der Schein einer Welt vor der Welt ?
Gibt es tatsächlich das Böse und Leute,
die wirklich die Bösen sind ?
Wie kann es sein, daß ich, der ich bin,
bevor ich wurde, nicht war,
und daß einmal ich, der ich bin,
nicht mehr der ich bin, sein werde ?
*
Lorsque l'enfant était enfant...
Puis vint le temps des questions comme celle-ci :
Pourquoi est-ce que je suis moi ?
Et pourquoi est-ce que je ne suis pas toi ?
Pourquoi est-ce que je suis ici ?
Et pourquoi est-ce que je ne suis pas ailleurs ?
Quand a commencé le temps ?
Et où finit l'espace ?
La vie sur le soleil n'est-elle rien d'autre qu'un rêve ?
Ce que je vois, ce que j'entends
Ce que je sens
N'est-ce pas simplement l'apparence d'un monde devant le monde ?
Est-ce que le mal existe véritablement ?
Est-ce qu'il y a des gens qui sont vraiment mauvais ?
Comment se fait-il que moi qui suis moi,
Avant que je devienne, je n'étais pas
Et qu'un jour moi qui suis moi
Je ne serai plus ce moi que je suis ?
Als das Kind Kind war,
würgte es am Spinat, an den Erbsen, am Milchreis,
und am gedünsteten Blumenkohl.
und ißt jetzt das alles und nicht nur zur Not.
*
Lorsque l'enfant était enfant,
il s'est étouffé avec les épinards, les pois, le riz au lait,
et le chou-fleur cuit à la vapeur.
et les mange tous maintenant, et pas seulement une pincée.
Als das Kind Kind war,
erwachte es einmal in einem fremden Bett
und jetzt immer wieder,
erschienen ihm viele Menschen schön
und jetzt nur noch im Glücksfall,
stellte es sich klar ein Paradies vor
und kann es jetzt höchstens ahnen,
konnte es sich
Nichts nicht denken
und schaudert heute davor.
*
Lorsque l'enfant était enfant,
il se réveilla dans un lit inconnu
et maintenant encore pour lui
beaucoup de gens ont l'air gentil,
et maintenant simplement par chance
il s'est clairement avéré être devant un Paradis
et il peut maintenant deviner
qu'il pouvait ne penser à rien
et frémit maintenant de se souvenir.
Als das Kind Kind war,
spielte es mit Begeisterung
und jetzt, so ganz bei der Sache wie damals,
nur noch, wenn diese Sache seine Arbeit ist.
*
Lorsque l'enfant était enfant,
il a joué avec enthousiasme
et maintenant, si la chose est tout à fait au point comme autrefois,
seulement alors, cette chose est son oeuvre.
Als das Kind Kind war,
genügten ihm als Nahrung Apfel, Brot,
und so ist es immer noch.
*
Lorsque l’enfant était enfant,
Les pommes et le pain suffisaient à le nourrir,
Et il en est toujours ainsi.
Als das Kind Kind war,
fielen ihm die Beeren wie nur Beeren in die Hand
und jetzt immer noch,
machten ihm die frischen Walnüsse eine rauhe Zunge
und jetzt immer noch,
*
Lorsque l’enfant était enfant,
Les baies tombaient dans sa main comme seule tombent des baies,
Et c'est toujours ainsi,
Les noix fraîches lui irritaient la langue,
Et c’est toujours ainsi,
Hatte es auf jedem Berg
die Sehnsucht nach dem immer höheren Berg,
und in jeder Stadt die Sehnsucht nach der noch größeren Stadt,
und das ist immer noch so,
griff im Wipfel eines Baums
nach dem Kirschen in einem Hochgefühl
wie auch heute noch,
eine Scheu vor jedem Fremden
und hat sie immer noch,
wartete es auf den ersten Schnee,
und wartet so immer noch.
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Sur chaque montagne, il avait le désir d’une montagne encore plus haute,
Et dans chaque ville, le désir d’une ville plus grande encore,
Et il en est toujours ainsi.
Dans l’arbre, il tendait les bras vers les cerises, exalté
Comme aujourd’hui encore,
Etait intimidé par les inconnus et il l’est toujours,
Il attendait la première neige et il l’attend toujours.
Als das Kind Kind war,
warf es einen Stock als Lanze gegen den Baum,
und sie zittert da heute noch.
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Lorsque l’enfant était enfant
il a lancé un bâton contre un arbre, comme une lance,
Et elle y vibre toujours.
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Rüdiger Vogler (Philip Winter)
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Lisa Kreuzer (Lisa, la mère)
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Yella Rottländer (Alice)
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Toutes photographies & affiches ci-dessus :
Yella Rottländer (Alice), Lisa Kreuzer (Lisa, sa mère) et Rüdiger Vogler (Philip Winter)
dans le film de Wim Wenders :
Alice in den Städten
("Alice dans les villes")
N. & B., 1973
(directeur de la photographie : Robbie Müller)
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Bruno Ganz (Damiel, l'ange récitant du film "Les ailes du désir")
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poème :
Peter Handke
Lied von Kindsein
("Chant sur être-enfant")
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Ce poème était lu (en voix off) par l'acteur Bruno Ganz tout au long du film
Der Himmel über Berlin
("Les ailes du désir")
de Wim Wenders (1987)
Solveig Dommartin (la trapéziste du film "Les ailes du désir")
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