The (very) little fairy-world of Dourvac'h... / Part one
( ... et un long entretien Loetitia Pillault / Dourvac'h, juillet 2010 )
Le rêve de Sarah (dessin, 2010)
- Que représente l’écriture pour toi ? et le dessin ? Que t’apportent ces modes d’expression ?
Celui ou celle qui écrit des histoires « marche » sans doute à l’énergie suivante : la soif de perfection... Pour moi les mots doivent chanter... sinon à quoi bon ?
Sarah brodant (détail, 2009)
L’écriture et le dessin représentent la vie... la force de vie… l’énergie vitale… la patience et la sagesse…(celles qu’on lit d'ailleurs dans le regard de cette petite brodeuse…)… et sans doute donnent-ils accès au véritable "moi"... Ainsi, certains peintres qui nous montrent toile après toile leur merveilleux monde intérieur... (Suis bien mon regard, Loetitia !)
La petite fille de la clairière (détail dessin, 2010)
- As-tu des images en tête lors de l’écriture ? Ces images ont-elles une forme réelle ou dessinée ?
Je n'ai en moi que des images... jamais des mots... mais je dois les traduire en mots... donc en sons... peste de ces écrivassiers qui nous laissent des choses aussi inouïes que : "Il progressa dans sa marche" ou "Son cri déchira la nuit" ou "Quelque subtile fragrance... "... «fragrances» est vraiment un mot moche et prétentiard, mais voilà : il est devenu "in", on ne sait pas bien pourquoi ! ... ou bien lire : "Elle pleura à chaudes larmes" ! Des pléonasmes ou, pire, des sensations que ces écriveurs ou écrivants n'ont jamais pris la peine de vérifier...
Le rêve de Sarah (détail dessin, 2010)
Toutes les personnes qui ont pleuré au moins une fois dans leur vie savent d'expérience que les larmes sont plutôt tièdes et ont un léger goût de sel ! Mais certains nous «resservent» inconsciemment – par pure paresse - des clichés que d’autres ont déjà recopiés sur d'autres... "Expressions toutes faites", comme disaient nos parents... comme il nous est arrivé de dire à nos gamins : "Dis donc, ça clichetonne sec, ton bouquin !"... Ramuz voulait retrouver les "Pouvoirs Premiers" de la langue... le pouvoir d'évocation des mots se rassemblant en phrases devenues "vivantes"... lignes imprimées susceptibles de ressusciter en nous images, sons, odeurs, sensations : un bain de ressenti et un grand feu de pensées s'élevant dans la forêt...
La petite fille de la clairière (dessin, 2010)
Ces images, donc, doivent prendre une forme "réelle"... puisqu’elles nous viennent des rêves... du bruissement des vagues et de la sensation de l'eau qui bouillonne à nos pieds... une maison devant laquelle on arrête son vélo, un jour.... Il nous faut ressentir d’abord…traduire ensuite… mais pas avec des « mots qui traînent » : des phrases et une musique qui seront bien nôtres, et qui se doit de charmer, d’être mélodie digne de demeurer un moment sur cette Terre…
Sarah brodant (détail, 2009)
Mais je voudrais te parler maintenant de l’origine de mes histoires…
L'histoire de PanGea est née en 2002 d’un rêve vraiment étrange, fait au bord de la mer… une impression troublante : des gens qui tournent en rond dans un monde sombre… de terribles craquements…
Xi-Jîn dans l'eau de la jarre (détail dessin, 2002)
C'est le rêve de Xi-Jîn, la petite héroïne « chinoise » du livre… Chân est venu ensuite avec, pesant sur ses jeunes épaules, le monde du chamanisme (une sacrée charge ! La première spiritualité de l’humanité, sans doute... ). Chân est bien plus « sage » que l’auteur de l’histoire… sécurisant… tête froide et cœur d’or, bien sûr… Comme dans Au Jardin, nous sommes immédiatement de plain-pied dans un rêve… une « uchronie », plutôt ! De ce rêve, nous ne sortirons pas…
Fillette aux bras croisés (détail, 2007)
Le seul défi actuel (car je retravaille pour la troisième fois tout son manuscrit) est de rendre ce "rêve de récit" - avec tout son labyrinthe narratif - parfaitement intelligible à tous ses lecteurs et lectrices, d'aujourd'hui ou demain… Je me souviens que la fille (qui est l’aînée) de mon plus vieil ami, « lectrice bénévole » du premier manuscrit, n’avait pas pu dépasser le chapitre XII… Alors qu'il y en a plus de quarante, aujourd'hui ! Aec ses quatorze ans, elle s’était « perdue » dans les méandres de l’intrigue : pour l’auteur et par ce simple fait, le signal d'alarme a été déclenché - et immédiatement pris au sérieux ! Il lui faudra donc rendre copie impeccable, avec un récit immédiatement "participatif" et surtout LISIBLE par tous !!! (rires)… Bref, j’ai jusqu’à fin novembre de cette année - ou jusqu'au printemps prochain, si je peine - pour y parvenir…
( ... à suivre... )
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Tombée de la nuit sur La Franqui, Aude (août 2010)
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... et Vous avez rendez-vous avec
la prose (merveilleuse) du grand Magicien
Dino Buzzati
sur
( ... 3 commentaires en 1 semaine... Wouaaahhh !!! Quel succès... )