PanGea /I
D O U R V A C ' H
P A N G E A
notre terre
*
I
Xi-Jîn s’éveilla la première.
Pieds nus, elle courut aussitôt vers la petite fenêtre carrée ; regarda comme chaque matin l’alignement des murs jaunes d’en face, détaillant une maison puis une autre – chacune percée des mêmes carrés obscurs, minuscules.
Elle sentit le froid d’en face.
Aucune vitre aux fenêtres par là-haut : ces gens-là vivaient plus misérablement que ceux de son clan.
Elle sentit à nouveau le froid, pensa à la couche d’argile chaude où ses sœurs se pelotonnaient depuis son départ.
Elle s’obstinait, fermant à demi les yeux, forçant son regard à rester là-haut, préférant ne pas descendre dans l’espace devant elle, évitant de penser à la ligne brisée du ruisseau sans fond.
– Xi-Jîn ! Prépare-nous du thé… Ta mère a eu des cauchemars toute cette nuit…
La voix pâteuse de son père – sortant d’une couverture immense où s’agitaient dans l’ombre les chameaux décharnés et des milliers de pattes d’antilopes identiques.
Elle laissa les formes indistinctes des parents revenir à l’immobilité ; chercha la présence de la jarre dans la pénombre.
Elle la trouva perchée sur son amas de pierres, dans ce coin de chambre si vaste. Haussant ses talons, elle se pencha là-haut, ne vit qu’un visage d’enfant dans le petit cercle d’eau noire.
« Il en reste si peu » pensa-t-elle, jouant à brouiller puis retrouver la figure ronde, ses hautes pommettes et les fentes très noires de ses yeux – qui faisaient croire à un masque d’argile.
Elle s’aspergea le visage avec, s’en frotta les yeux et les joues, s’humecta les aisselles et le bas du ventre malgré le froid.
– Il n’en reste plus..
Elle avait parlé à la fillette du cercle, disparue au fond de sa caverne luisante.
Sa voix était drôle.
Du côté des parents, la couverture aux images ne répondit rien.
Elle trouva à tâtons, mêlé à ceux de ses sœurs, le kimono de toile claire de la veille, le revêtit sans s’être séchée, passa le pantalon, laça ses sandales, humecta de salive le bout de ses deux doigts, mouilla ainsi le haut de son front, fit glisser ses ongles sous ses cheveux, rangea ses mèches tombantes derrière chaque oreille.
Elle enlaça la jarre, pressant contre elle son gros ventre froid de mère : l’argile si douce contre sa joue… puis l’abandonnant à sa belle ombre pour faire quelques pas vers la porte ; une voix lasse l’y arrêta…
– Où vas-tu ?
Les sons arrivaient, étouffés par la couverture de laine et le mauvais sommeil...
– Chercher l’eau… – Ah ? Alors, n’y va pas seule… (un silence) … surtout, tâche de trouver Chân !
Bien sûr. Elle n’aurait jamais dû leur parler de Chân !
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Texte, dessins & photographies :
Dourvac'h
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Cèdre à Viviès
Ariège, 9 mai 2010
Xi-Jîn dans l'eau de la jarre,
(détail et ensemble)
crayons de couleurs Polychromos sur papier Ingres, 50 x 65 cm, 2002/2008
Ciel à Viviès
Ariège, 9 mai 2010
Le Douctouyre près du Pont de Vira,
Ariège, printemps 2008
Feuillée et ciel près du Cap de la Serre
Ariège, 9 mai 2010
Petite fille de l'Eté,
crayons de couleurs Polychromos sur papier Ingres, 50 x 65 cm, 2008
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PanGea
restera pour nous ce rendez-vous
" ... à suivre... "
ici & chaque samedi !
... et deviendra un gros livre,
- auto-édité bien sûr par nos soins - pour ce noël 2010 !!!
( ... à 30 ou 50 exemplaires selon le nombre de vos demandes,
et à son unique coût de fabrication et d'expédition ... )
... à l'enseigne de
La Compagnie des Fées
Nos précédents livres restant disponibles à ce jour :
Au Jardin (éd. illustrée par ISALY, 2008, 50 ex.) : 5 exemplaires
Fées, Rêves et Glaces (éd. 2008, 50 ex.) : 10 exemplaires
L'été et les ombres (éd. 2009, 30 ex.) : 0 exemplaire (hélàs!)
(contact : dourvac_h@live.fr)
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... vous dire aussi que
Miss Sarah
vous a composé une bien douce poésie
à découvrir dans l'article qui suit !
... et puis ? Que toutes nos réponses personnelles
n'attendent que d'être lues par Vous
sous nos deux articles précédents !!
("Les deux Sarah")
("Comment pourrais-je t'oublier ?")
Sarah
&
Dourvac'h