Le monde-Fée de Loetitia Pillault (Deuxième Saison : le sentiment amoureux, l'éternité, la féeminité, le Jardin d'Eden...)
(Faisons un voeu)
(2009, 50 x 80 cm)
- Tes Belles semblent dans l'attente d'événements amoureux... toute leur physionomie trahit ce sentiment amoureux... Comme dans cette oeuvre, Faisons un voeu, où les sentiments ont une couleur - vert turquoise, bleu aquamarine, rouge cadmium...
- Oui, leurs regards sont dans le souvenir, l'espoir, l'attente... avec en elles une douce nostalgie... Ces sentiments ne les rendent pas malheureuses : ce sont des sentiments apaisants, des sentiments "purs" dans ce sens où rien n'y est mêlé... rien qui ressemble à la mesquinerie, aux calculs, au matérialisme... rien qui puisse parasiter la force d'un sentiment - comme la peur, les doutes, l'incompréhension, les préjugés...
(Boite secrète)
(2009, 60 x 80 cm)
- On parlait tout à l'heure de romantisme...
- Oui... on en revient au romantisme, on en revient encore au rêve... Le romantisme est un peu un idéal de vie : pouvoir céder à toutes ses possibilités... être vivant, vivante... être soi entièrement... Dans Boite secrète, les souvenirs, les saveurs de ses lettres s'échappent de la boite telles des bulles, et les yeux sont ouverts sur ses souvenirs...
(Eternité) / (Un secret)
(2009, 40 x 120 cm) / (2009, 40 x 120 cm)
(Un secret)
(détail, 2009)
- L'esthétisme, le goût du Beau... est-ce que c'est d'ailleurs pareil ?
- L'esthétisme est un piège, un doux piège, qui t'installe un confort de jugement... ça ne laisse pas de place au risque ! Il y a des choses que j'ai envie de peindre parfois, que je m'interdis de faire... parce que je ne suis pas sûre que ça aille dans le sens de ce que je fais... Le Beau, pour moi, a des notions d'universel, et il se doit d'être intemporel et universel... C'est dans une atmosphère... le regard et le geste contribuent à cette atmosphère... Quand je peins, je veux que ça pétille, ça veut dire plein de petits miroitements... le soyeux d'un tissu, le jour des dentelles, un feuillage chamarré... des éléments bouillonnant de couleurs... Le Beau, il faut que "ça vive"... Ces Belles doivent être d'abord "vivantes" pour nous... je veux qu'elles aient l'air vivantes...
(Pensées d'automne)
(2009, 46 x 62 cm)
- Le passé, l'éternité...
- On en revient à l'intemporel... faire de chaque toile un univers hors des modes, sans contexte, sans pays... ces femmes ne sont pas de "notre époque"... Tout de même, on va laisser une trace chez les nôtres, nos proches... du moins on l'espère...
(Partage)
(2008, détail)
- ... une trace de quoi ? ...
- ... et bien, simplement... de partager au présent avec des gens qui seront sensibles à ce qu'on fait - et ça, c'est génial !
(Pour lire en toi)
(2007, 30 x 30 cm)
- ... et j'aimerais te faire parler de ce que je ressens : la force de "tes" regards ...
- Ce qu'on appelle tous les deux "la force des regards", mais aussi la force des couleurs... qui me forcent justement à ne pas tomber dans la mièvrerie... "le romantisme flamboyant" est presque un pléonasme... Le romantisme n'est pas un cliché, comme on croit... C'est la force des sentiments à laquelle on fait confiance, la force des choses assumées...
(Pensées évadées)
(2009)
- Le conte de fées, le conte oriental : on devait en parler !
- C'est bien plus la part de mystère et d'indéterminé, de ces choses impalpables que peindre induit.. plutôt qu 'illustrer" un conte de fées, ou créer un conte oriental en images... Et tu sais quoi ? Je travaille beaucoup en demi-sommeil... Je veux dire que juste avant de m'endormir "je travaille mentalement" : je construis ma toile dans ma tête avant de m'endormir... Ce que j'apporte à mes toiles dans ces moments-là n'est pas innocent par rapport à cet état... On dit "onirisme"... c'est d'ailleurs un matériau qu'utilisaient les peintres symbolistes. Un travail sur un état un peu inconscient. Les images qui viennent, presque malgré moi, arrivent dans cet état de demi-conscience... Tu allumes la lumière pour noter ou dessiner, et elles s'échappent... alors je fais le croquis complet dans ma tête et même parfois je commence à peindre dans ma tête et le lendemain matin je le dessine sur le carnet de croquis que j'ai toujours sur moi... Et je retrouve les couleurs que j'ai vues avant de m'endormir...
(Les contrées de Mirella)
(2009, 50 x 50 cm)
- Loetitia styliste et coloriste... et un jour, Cendrillon décida de se transformer en "Fée des Pinceaux"...
- Ah, tu veux tout savoir de ma "destinée de coloriste" ? Et bien je regardais "Lili" et "Aggie Mae" quand j'étais gamine... et je coloriais les pages noir-et-blanc, car il y avait pages couleurs et pages noir-et-blanc...
(Un soir)
(2009, 33 x 46 cm)
- Heum... je m' souviens qu' les "bouquins pour les filles" ne m'attiraient pas trop... mais je vois que tu as l'air de connaître à fond ton sujet ! (rires)... et tes autres influences, peux-tu en parler ?
- Oui.... tout d'abord l'oeuvre, l'idée, l'esprit d'Alphonse Mucha, artiste-peintre d'origine tchèque, affichiste, lithograveur : féminités flamboyantes, richesse des motifs, grâce des attitudes... et puis l'oeuvre de Botticelli : Le Printemps et La Naissance de Vénus sont les toiles que je porte au-dessus de tout... la grâce, là aussi... et puis Pierre Bonnard, pour l'intimité de ses scènes... et puis la grâce encore, avec l'oeuvre d'Edward Burne-Jones...
(Raconte-moi une histoire... )
(2009, 73 x 100 cm)
- Tu peins sans modèles ? Toujours ?
- Oui, sauf pour quelques petits détails anatomiques... Tiens, si j'ai des soucis avec une main, je demande à ma fille...
(La pensée au vent)
(2009, 60 x 8O cm)
- Tu peins la féminité... ou la féeminité, ce qui revient au même...
- Les femmes ont un côté féerique, mais elles ne sont pas forcément bienfaisantes...
(Tarots contes rouges)
(2009)
- Pourquoi ne peins-tu que des personnages féminins ? ...et pour l'essentiel, des femmes adultes ? ...
- Parce qu'il n'y a que ce "sujet" qui me parle... C'est mal comme réponse, hein ? (rires). Bref, il n'y a que ce sujet-là actuellement qui m'inpire, qui "ouvre des portes" en moi... Ceci dit, j'ai en projet de peindre des hommes... mais ils ne trouveraient pas leur place dans les espaces que je peins actuellement... Oui, peindre la virilité, pourquoi pas... ou peindre un couple... mais en faisant apparaître progressivement un homme qui accompagne le mouvement... Peindre d'abord le sentiment amoureux... et tu as remarqué comme les enfants sont rares...
(Dessine-moi un automne... )
(2009, 50 x 70 cm)
- ... et toujours des filles ! Et dis, tu as vraiment l'impression de peindre les sentiments ?
- Oui, toujours à travers le regard de "mes" femmes...
(Nos pas à l'unisson )
(2009, 146 x 89 cm)
- ... et le Jardin d'Eden ? ...
- ... "le Jardin d'Eden" ? Oui et non... parce que pour moi, ça évoque quelque chose d'un peu lisse... Ces femmes, ces Fées ou ces âmes, sont totalement centrées sur elles-mêmes... les paysages qu'on voit autour d'elles restent des "paysages", des "décors" qui habillent les visages et les sentiments des personnages... Je me sers de tout ce foisonnement, cette luxuriance - par exemple la richesse des feuillages - pour évoquer le bouillonnement intérieur de mes "Muses"... leur richesse intérieure en adéquation avec ce foisonnement de végétation, parfois entremêlée et inextricable... paysages imaginaires, idéalisés... un peu mythiques, ces endroits-là un peu en nous, que l'on sait bien qu'on n'atteindra jamais mais on essaye toujours d'y aller quand même...
(Enchantement)
(2009, 50 x 50 cm)
- Ce que tu dis me fais penser à cette expression qu'avait employée Julien Gracq : "la nostalgie d'un Eden disparu"... Tes oeuvres pourraient bien être les figures vivantes de cet "Eden disparu" ... Merci, chère Loetitia...
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(Lia et Rosa)
(2009, 50 x 60 cm)
... oui, MERCI à toi, Loetitia, d'offrir ainsi
à notre monde les fruits de ta si belle oeuvre
- autant de pommes dorées à ton Arbre lumineux...
et si je puis me permettre - bien lâchement
et trois mois après notre longue discussion de
trois belles heures ensoleillées -
bien envie de te qualifier à nouveau de ces mots :
"Loetitia, notre Fée des Pinceaux"...
... et retrouvez vite notre Amie Fée en son site-Atelier aux Merveilles
http://loetitiapillault.canalblog.com
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(Automne)
(2009, 40 x 80 cm)
Oeuvres & propos de
Loetitia Pillault
Propos recueillis par
Dourvac'h
La Franqui, Aude, août 2009
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... et re-découvrez (ci-dessous)
notre premier article (augmenté) du
mercredi 11 novembre :
Le monde-Fée de Loetitia Pillault
Saison I : " le Regard Ailleurs, les Fées et leurs âmes... "
... et un sacré événement dans ma p'tite vie :
car je viens d' recevoir ç' matin (sam'di 5)
un extraordinaire présent de notre Amie peintre :
une toile magique extraite de son Triptyque aux âmes,
oeuvre de 2007 que notre Amie avait - à l'époque -
malicieusement baptisée Dourvac'h
(son autre titre : Les Yeux clos)
... beau "clin d'yeux" à mon modeste univers-Fée...
... alors chère Loetitia, MERCI !!!