Fin août au Pays de Julien Gracq : voyage entre Evre et Loire...

C'était à Saint-Florent-le-Vieil...

... par un mardi d'août ensoleillé (28 août dernier)...

.. là où Maine-et-Loire et Loire-Atlantique se font face...

Guerres vendéennes et Matière de Bretagne en miroir,

de chaque côté du Grand Fleuve...

Un voyage au pays des barques à fond plat et de leur mémoire vive...

Mémoire des hommes, d'un homme ici et aujourd'hui solitaire

au milieu d'un grand fleuve nommé "Littérature"...

Papyrus de mémoire et labyrinthe des rêves

qui s'ouvrent face au perron de cette maison...

Je n'ai pas pris de photo au domicile de Monsieur Poirier

dit "Julien Gracq"

(je n'aurais jamais osé lui demander...)

Homme intrépide de ses 97 années de présence terrestre...

Oeil malicieux...

Je l'ai écouté parler de cette Littérature "survivant" miraculeusement,

devenant de plus en plus "société secrète"...

... menacée par les paralittérateurs bâcleurs et anthropophages du monde entier,

occupant ces terrains si vagues en cervelles disponibles,

espace bien déblayé par l'Horreur Economique...

Que lui ai-je dit, moi ?

.. Que j'ai trouvé une même musique de mots

dans ses premières phrases de voyage en barque et en Littérature

des "Eaux étroites" (1976)...

... que dans l'entrée du labyrinthe enchanté d'

"A la Recherche du Temps perdu" de Marcel Proust...

... Que le jeune garde forestier "Barnàbo des Montagnes" (1933)

ou le Lieutenant Giovanni Drogo du "Désert des Tartares" (1940)

imaginés par l'écrivain magicien Dino Buzzati

m'ont semblé si proches du monde d'attente

entre sentiments, songes et guerres

du Lieutenant Grange

d' "Un balcon en Forêt"

d'un certain Julien Gracq (1958)...

Mais tant de choses à entendre et à dire...

L'écrivain nous a reçus 1 heure 15, je crois,

s'excusant de ne pouvoir offrir plus...

(j'avais 1 h30 de retard sur l'horaire de rencontre prévu...)

Mon fils de 15 ans avait été invité, nous a écoutés,

a un peu parlé... S'est-il vraiment ennuyé ?

Pour ce qui est de moi et depuis 15 ans,

Julien Gracq m'a ouvert en grand

les portes de "La Littérature"...

Cette première visite, c'était... comment dire ?

Une journée féérique sur une rive de Loire,

pas si loin des Territoires de l'Evre...

*

DOURVAC'H, 2007

*

Clichés pris à

St-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire) le 28 août 2007

(sauf dernier cliché pris à Orléans le 26 août 2007)

Autres clichés :

Chien en faïence : oeuvre de Marie-Christine Lehembre (Orléans)

Poupée de porcelaine et Pendule ancienne : fabrication inconnue

Comments

[Alicia]

Bonsoir Dourvac'h
Ces photos sont magnifiques, quelle paix et quelle tranquillité!! Je resterais des heures devant de tels paysages.
Quand à Julien Gracq, il m'intéresse de plus en plus; merci pour tes conseils de lecture.
Cordialement

[lily]

Quelle merveilleuse rencontre cela a dû être !!
Comme je t'envie (mais de toutes façons je suis trop timide :)
Merci pour ces photos aussi, j'adore le chien en faÏence !

[Patrick]

Une pensée particulière pour toi ce soir mon ami qui par ce blog m'aura fait découvrir Julien Gracq. Si mon activité actuelle me laisse peu de temps, tu fais partie de mes belles rencontres de 2007.
Amitiés.

[mhaleph]

Ah!Je craque littéralement pour la dernière photo en noir et blanc! Tu en as d'autres comme ça!...

mhaleph

[Esis]

Très jolies photos, texte très bien écrit, si poétique...

Je suis contente que tu aies rencontré Julien Gracq, et que vous ayez pu parler de ces choses qui vous (nous) passionnent tant. Une passion qui hélas est "négative", étouffée... Une passion que l'on nous empêche de vivre pleinement.
Mais, je me pose une question : si aujourd'hui cette passion n'était réduite à un si vain combat, ne nous en serions-nous pas lassés depuis longtemps ?
Ma question peut être facilement contredite il est vrai... Mais n'oublions pas que les grands combats romanesques, qui ont fait évoluer l'Art, se sont basés sur des luttes perpétuelles contre "l'Art officiel", contre les états d'esprits "officiels" (là encore). Par exemple, je pense, encore et toujours, aux romantisme, symbolisme, fantastique... Néanmoins, j'ai l'impression que ces mouvements ont su s'opposer à cet état d'esprit, et rester des "classiques", des références pour beaucoup, même encore aujourd'hui. Aujourd'hui où de vrais écrivains, qui devraient s'ajouter à la liste des "classiques", et être connus de tous, au moins de nom, ne sont connus que par un petit nombre de personnes...
En fait, il s'agit du même combat qu'au XIXème siècle mais, le temps va passant, et nous sommes de moins moins entendus. Serait-on entré dans l'Âge de Fer pour de bon ? Cet Âge que décrivent beaucoup de civilisations (d'ailleurs, dans le cycle hindou, nous sommes actuellement dans cette période, mais - et heureux soient les hindous ! - ce n'est qu'une période du cycle, qui devrait donc revenir à l'Âge d'Or) ?...
Oups, encore une fois, je m'étends dans mes paroles vaines.
Je n'ai jamais lu aucune oeuvre de Julien Gracq. Je ne connaissais pas cet écrivain avant de faire des recherches sur l'état de la littérature actuelle. Mais j'en lirai, c'est promis. Aussi loin que la vie me portera, j'aurai le temps. Je garde précieusement la liste que tu as établie quelques commentaires plus haut ;-) !
La longévité de ce monsieur ne nous donne que plus de volonté pour faire changer l'avenir :-).
Le monde regorge encore d'un peu de Beauté que nous devons extirper d'en dessous la laideur de la modernité, pour la révéler aux yeux du monde.
Ces voyages platoniques que tu m'offres avec tes photographies sont certes frustrants, mais donnent de l'optimisme :-) . Tu révèles la Beauté occultée du monde !

Allez, je ne vais pas plus loin, je me saoule moi-même, à vrai dire !

PS : si ton fils était réellement ennuyé par tes passions, ne crois-tu pas qu'il te l'aurait dit depuis longtemps ? À l'adolescence, on est beaucoup plus prompt à envoyer balader ses parents ;-p.

PS 2 : j'ai eu une crise hallucinatoire, durant laquelle j'ai été possédée par C. Angot. Je ne sais si tu as vu cela sur mon blog. On va dire que je me suis essayée à son style ! Cette femme déchaîne vraiment les passions ! Hihi !